Les montagnes russes

29/09/2013 20:15

Parc Ahuntsic, dernièrement. J'occupais un banc. J'y écrivais une nouvelle plutôt sombre par une journée de plein soleil.

Nous l'avons entendu bien avant de l'apercevoir. Nous avons regardé en sa direction, histoire de savoir qui était cet intrus doté de telles cordes vocales. L'homme tenait dans sa main gauche une laisse, au bout de laquelle se trouvait un chien plus très jeune, et dans sa main droite un cellulaire. Outil de communication pour l'un, c'est-à-dire lui seul, et de torture pour les autres, c'est-à-dire nous, pauvres auditeurs forcés. La teneur autant que le ton de la conversation, ou plutôt du monologue, ne laissait planer aucun doute. Monsieur était en colère contre quelqu'une et ne tarissait pas d'insultes à son égard. Il était en train de s'en plaindre à un tiers. J'ai eu de la compassion pour cet interlocuteur anonyme tenu d'écouter un hystérique raconter ses déboires. J'ai aussi eu pitié du chien d'un maître si agressif. 

Ma surprise a été de taille quand l'homme s'est tu, a rangé son arme d'intrusion massive, s'est accroupi et a caressé son chien en s'adressant à lui d'une voix douce et enjouée. Un baume apaisant sur une plaie vive. J'en ai soupiré de soulagement avant de reprendre tant bien que mal mon texte là où je l'avais laissé. 

Quand le cellulaire de l'homme en question a sonné quelques minutes plus tard et qu'il s'est remis à gueuler, mon regard a cherché et croisé celui de son chien. J'ai pu y lire que lui non plus n'aime pas les montagnes russes. Si certains les trouvent excitantes, à d'autres elles donnent carrément la nausée.