Invasion barbare

07/07/2013 15:22

C'est un banal jeudi soir. Je fais quelques étirements avant d'aller au lit. En m'étirant le cou, justement, je pose les yeux au plafond. Il est constellé d'une multitude de minuscules araignées. Minuscules, Dieu merci. Leur taille réduite m'a permis de garder mon calme, du moins en partie. J'ai néanmoins invoqué tous les saints du ciel, me demandant auquel en particulier je devais me vouer dans cette situation désespérante.

Je suis "montée en chaire" et je les ai éliminées une par une le temps d'un long sermon. Je vis seule par choix, pas par dépit. Je ne supporterais plus la colocation avec des humains, pas plus que je ne tolère de côtoyer la vermine, si tranquilles soient les premiers et inoffensive la seconde. Mais quand de tels pépins surviennent, même insignifiants, j'aimerais bien avoir le numéro de Clark Kent, l'audace de le composer et le soulagement de voir Superman voler à mon secours peu importe l'heure !

Il était plus de minuit quand j'ai rangé les armes, c'est-à-dire une de mes "gougounes". Je n'ai appelé personne. Je me suis couchée et je suis néanmoins parvenue à dormir quelques heures. Le lendemain matin, j'ai tué les membres du clan qui avait échappé au massacre de la veille. Je me suis rendue au travail, anxieuse à l'idée de devoir me taper une nouvelle partie de chasse le soir-même et les suivants. Anxieuse aussi à l'idée qu'une indésirable "mère de famille nombreuse" ait élu domicile dans mon 3 et demi chéri. Anxieuse à l'idée de devoir appeler et mon proprio et un exterminateur à défaut d'appeler Clark Kent.

Vendredi soir. Je suis allée rendre visite à une amie. Généreuse, elle m'a prêté SON coloc et donné un bas de nylon. Le coloc m'a ramenée chez moi et a jeté un coup d'oeil à mon climatiseur qu'on soupçonne d'avoir servi d'intermédiaire entre "dehors" et mon salon. Le bas de nylon, lui, a été enfilé sur l'embout du tuyau dudit climatiseur. Bienheureux soient les filtres qui nous protègent de barbares invasions ! Et bienheureux soit celui qui, sans pour autant porter la cape, consent à débarquer chez moi sans trop de délicatesse mais avec toute sa bonne volonté, son incomparable accent italien et les outils qu'il faut pour régler les bobos de ma modeste demeure ! Je ne sais pas si je suis vraiment digne de le recevoir, mais je sais qu'il n'a que quelques paroles à dire et quelques gestes à faire pour que je me sente rassurée. 

Samedi. C'est le calme après l'arachnicide. Je crains la récidive ou la contre-attaque. Je me croise les doigts. Et quand je lève les yeux au ciel, je fais d'une pierre deux coups. Je m'assure que le champ de bataille est libre et je prie pour qu'il le reste.

Amen.