En guise de compensations

10/05/2013 19:15

Si bon nombre de Français ont chanté "Le temps des cerises", au moins une Montréalaise d'adoption chante ces jours-ci "Le temps des lilas" ! Pour les esthètes, Montréal est loin d'être la ville rêvée, bien qu'elle offre maintes compensations culturelles, gastronomiques, etc. Toutefois, en mai de chaque année, les pupilles ont tout le loisir de se dilater devant les arbres en fleurs. Et les narines suivent leur exemple, ou vice versa puisqu'en général on sent les lilas avant de les voir.

Au comptoir d'une succursale de mon institution financière où je me suis rendue aujourd'hui dans le but de payer mes impôts (!), la dame qui m'a servie m'a offert un oeillet qui faisait bien piètre figure en comparaison des actuels magnolias et lilas... Ayant prévu me rendre au marché par la suite, je ne souhaitais pas m'encombrer du spécimen. Devant mon air perplexe, la dame a dit : "Vous êtes mère, n'est-ce pas ?" Je me suis éclatée de rire, soulagée de ne pas avoir à refuser une fleur, ce que je considère comme un sacrilège. Et moi qui croyais qu'on voulait me consoler d'avoir délesté mon compte en banque d'un poids somme toute considérable !

C'est ainsi que j'ai appris que la fête des Mères se tiendra dans 2 jours. On pourrait croire que je suis une fille indigne, mais je n'ai jamais eu besoin d'une date déterminée à mon agenda pour me rappeler que j'ai la meilleure mère au monde. Ce dimanche, maman et moi échangerons quelques mots au téléphone, comme nous le faisons souvent, aussi, les jours de semaine. À ce temps-ci de l'année, il y a fort à parier qu'elle me parlera du retour de "ses" colibris. Elle n'aura reçue aucune carte signée de ma blanche main.  Je ne lui aurai pas fait livrer de lys et encore moins d'oeillets. Je ne lui aurai pas non plus fait la surprise d'aller la rejoindre pour partager un repas avec elle. Mais je lui dirai que je l'aime, comme je le lui dis fréquemment. Et quand elle viendra en ville quelque part au courant de l'été ou de l'automne, je l'amènerai au resto, au théâtre ou, mieux encore, au Jardin botanique. Je ne lui offrirai pas qu'une seule fleur ou quelques-unes. Je lui offrirai un jardin...